Mais vers qui allons-nous?

Voici plus d’un an, nous vivions un coup de semonce. Nos fondations se sont ébranlées sans possibilité de retour. Ce virus s’est insinué dans nos vies modifiant durablement notre rapport à l’autre et à soi. Notre monde et son modèle s’effritaient depuis de longues décennies déjà. Toutes et tous ne voulaient pas le voir. Nous ne pouvions pas poursuivre ainsi, dévastant la Terre qui nous supportait malgré nos attitudes d’humains égo-centrés, malgré notre violence répétée envers tout autre que soi, malgré notre quête de l’accélération et de la croissance ineptes!

La mi-mars 2020 nous a imposé un confinement total, inédit pour beaucoup. Un arrêt sur image… Une armistice… Un ralentissement et un retour à soi! Pas nécessairement évident à appréhender ni pour tout le monde ni à tout moment. Mais un beau moment comme une vie en propose peu. Un moment où la question du sens s’impose ouvertement… Le sens, le lien, l’ancrage?

Le contexte se dessinait bien différemment. Les injonctions – formelles et informelles – à rester dans ce train lancé à toute vitesse s’étaient fortement tues. Nous étions autorisés à re-prendre le chemin vers nous-même. Et le soleil nous gratifiait de son éclat…

Heureusement pour certains et malheureusement pour d’autres, cette villégiature a pris fin selon un déconfinement basé sur l’essentialité des activités. Le retour dans le train devait être rude… Certains y prenaient place, les autres devaient attendre sur le quai, sur le qui-vive. Les choix d’une idéologie déjà bien trop mortifère allaient produire -encore davantage- de ruptures et de polarisations non seulement dans la société au sens large mais aussi au sein de nos proches et de nos pairs.

Comment préserver ce vécu sensible lié à ce moment? Cet instant de connexion à l’espace du dedans, là où réside le vivant qui nous est propre.

Selon un abord propre à chacun, nous sommes tous touchés et bouleversés…parfois mis en grande difficulté. Nos émotions peuvent être émoustillées mais surtout balayées par les tempêtes intérieures. Tant de choses se trouvent bousculées, notamment notre sécurité de base déjà fragilisée par nos modes de vie et nos profondes déconnexions. Nos balises et nos appuis s’étiolent. Il est indéniable que nous adaptons nos stratégies de survie devant un tel marasme inédit. Et la confusion s’opère. Nous nous offusquons face à la gestion de cette crise et des méthodes déployées ou bien nous nous y conformons dans un silence assourdissant. Nous nous percevons comme des individus qui s’expriment selon l’unique rationalité de notre intelligence experte…en oubliant que nous sommes avant tout soumis aux déluges de nos propres émotions. La confusion donc qui alimente la rupture, avec les autres et avant tout avec soi-même!

Cette période demande de la présence et de la clarté, de l’écoute et de l’amour. Pour ne pas sombrer notamment ; aussi pour tendre vers un autre point de vue sur ce monde en transition, en ébullition. Accepter et accueillir ce changement et y prendre part en y insufflant davantage de lumières. Il est grandement nécessaire de faire appel à nos mémoires corporelles, émotionnelles et cérébrales. Elles regorgent de traces d’expériences de connexions positives, parfois des instants furtifs, mais qui n’attendent qu’un moment d’attention pour se re-déploier. Une attention à ce qui fait sens en nous-même, une attention à ce qui fait vie en nous-même. La répétition régulière d’une connexion à ces traces vécues réactive le ressenti profond et ouvre ainsi des perspectives de changements intimes.

Le chemin peut sembler long. Ce chemin est la vie. Notre pouvoir de changement repose en grande partie, sur notre faculté à poser sur notre environnement un regard reflétant notre monde intérieur. La routine positive et quotidienne nous soutient dans cette voie. Et donc… vers qui allons-nous?